Ma maison

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mardi 4 janvier 2011

Le réflexe du caméléon

Les deux derniers jours se sont déroulés comme des montagnes russes. Hier, je me suis aventurée dans le métro pour me rendre à l'Aquarium d'Osaka afin d'admirer le plus gros bassin intérieur du monde, qui abrite des raies gigantesques et deux Whale Sharks. J'ai passé plusieurs heures devant ce bassin à admirer les poissons, me sentant comme l’un deux, comme faisant partie de ce bassin. Admirer les poissons m'a toujours fait beaucoup de bien, l'eau et l'air paisible des poissons me calment. À ma sortie, j’ai acheté un billet pour faire un tour dans la grande roue la plus haute du monde. La vue était impressionnante, je pouvais voir autour de moi les montagnes entourant la ville, les ponts, l'aéroport et l'étendue de la ville. Lors de mon voyage en métro pour retourner près de mon hôtel, je me laissais glisser par le wagon silencieux et vide, j’admirais par la fenêtre les quartiers à travers lesquels je traversais, les gens à vélo, et j’aimais mon nouveau décor. Aujourd’hui, à mon réveil, je pris le temps de bien coiffer mes cheveux, je mis même de l’ombre à paupières mauve autour de mes yeux, et appliquai deux couches de mascara au lieu d’une, question d’épaissir et l’allonger mes cils. Le réflexe du caméléon sans doute, me pousse à vouloir me mêler aux masses de jeunes femmes de mon âge qui dédient leur quotidien à prendre soin de leur apparence et à parader dans les rues étroites et bondées du centre-ville, question de se faire remarquer, question d’émaner de la masse. Je sais que je suis pour ces masses comme un cheveu sur la soupe, mais je ne peux m’empêcher de croire que l’on m’acceptera davantage malgré mes cheveux blonds, ma peau pâle et mes yeux clairs, si je prends la peine de me soigner de la même façon que ces filles. Cela fait rigoler Olivier, qui me regarder en fronçant les sourcils, et qui me demande l’air perplexe si je tiens vraiment à prendre part à ce cirque. Pour moi, il s'agit d’expérimenter, je prends un certain plaisir à tenter de me fondre en adoptant un style similaire à celui en vogue ici. Si j’étais en Arabie Saoudite, je porterais sans doute un voile, si j’étais en Inde, j’épilerais mes sourcils comme le font les femmes, si j’étais en Iran, je couvrirais mon corps mais prendrais soin de laisser paraitre sous mes pantalons flottants de jolis pieds aux orteils vernies. J’ignore si c’est par respect pour la culture ou uniquement dans un désir de ne pas trop émerger de la normalité ou des conventions, mais je tiens à m’intégrer de cette façon. Je pense qu’en agissant ainsi, il devient aussi plus facile aux gens de passer par-dessus la barrière de l'apparence du contenant pour s’intéresser au contenu. J'emporte partout avec moi mon livre de japonais au cas où j’oublierais certaines formulations ou certains mots de vocabulaire, et je m’efforce à parler en japonais le plus souvent possible. Ce soir, j’attends que la nuit tombe pour monter en ascenseur jusqu’au haut d’une des plus hautes bâtisses de la ville qui comporte un immense balcon, où je pourrai admirer les lumières multicolores d’Osaka. À mon arrivée en avion, le 31 décembre au soir, j’ai ouvert mes yeux alors que l’on amorçait notre descente et mon premier contact avec la ville fut cette vision, des milliers et petites lumières brillantes et scintillantes, de toutes les couleurs, partout jusqu’aux montagnes. Je veux prendre le temps d’aller admirer ce spectacle urbain plus attentivement, et laisser ce sentiment couler doucement dans mes veines, je suis au Japon, à l’autre bout du monde. Cette pensée ne me fait plus peur comme la nuit précédant mon départ, où le seul fait de comprendre le défi dans lequel je me lançais dans prochaines heures me faisait pleurer frénétiquement, me faisait frissonner, je tremblais seule, le visage enfoui dans mes couvertes, et j’avais peur. Peur d’avoir peur. Peur du noir qui m’attendait. Et je soir j'affronte le noir, pour m'avouer que dans cette noirceur, des centaines de milliers de petites lumières scintillent, et le spectacle est magnifique.

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