Ma maison

Ma maison

lundi 27 décembre 2010

trois jours

Ce soir, malgré moi, j'ai le ventre noué. Mes bagages sont dispersés sur le lit, prêts à partir. Mais ma tête me trahit. Je repense à tout le chemin depuis mon retour à Montréal l'an dernier, toute la difficulté à me réadapter au quotidien montréalais, au sentiment d'incompréhension qui accompagnait mes jours et mes nuits, le temps qu'il m'a fallu pour me sentir bien chez moi, pour me sentir chez moi dans ma propre demeure, étendue dans mon propre lit. Je m'étais habituée aux longs voyages en train, à fouiller dans mon sac à dos sali pour me trouver de quoi me mettre sur le dos, aux visages inconnus chaque jour, à chaque coin de rue. Après tellement de nouveauté, Montréal m'ennuyait, me rendait mélancolique et pesait sur ma conscience. Mais tranquillement, j'ai pris plaisir à marcher dans les rues de Montréal, à déjeuner à nouveau avec mes amies sur les terrasses, à prendre le métro, à me rendre à l'école et à travailler dans ma petite boutique de la rue Sherbrooke, qui n'avait pas pas changé depuis mon départ. J'ai l'impression d'avoir trouvé un équilibre précieux au cours des derniers mois, et cet équilibre me rend paisible, me fait du bien. Je pense au Japon, à la barrière culturelle qui m'attend, à la difficulté que j'aurai à communiquer avec les citoyens malgré mes centaines heures d'étude de Japonais des derniers mois, au nouveau travail qui m'attend, et je dois avouer que je sens l'angoisse s'éveiller au creux de mon ventre, nouer ma gorge et pincer mon coeur. Je ne veux pas perdre cet équilibre que j'ai acquis, je veux continuer de flotter sur cette vague agréable. Mais je dois me rappeler qu'aucun défi n'est surmonté aussi facilement. Chaque changement, chaque décision apporte son lot d'adaptation. Pour moi, ce voyage s'imposait, j'y rêve depuis mon retour au Canada. Je me rappelle lorsque j'étais plus jeune, je me sentais un peu de la même façon le jour avant mon grand départ en randonnée dans les Appalaches, un été. J'avais peur à cause d'une mauvaise expérience vécue l'année précédente,  j'appréhendais la pluie, les blessures, la soif et la faim, la fatigue et la faiblesse. Malgré ces pensées en tête, je pris mon sac et j'entamai une randonnée de plusieurs jours, qui fut sans doute la plus belle des randonnées réalisées dans ce sentier de plusieurs centaines de kilomètres. 
Je sais que de beaux souvenirs m'attendent, mais ce soir, le Japon semble terriblement loin, terriblement différent. Mes amies vont me manquer. Ma famille va me manquer. Ma maison, son odeur vont me manquer. Le froid de l'hiver canadien me manquera aussi. L'université me manque déjà. les Québécois me manqueront sans doute.
Je me surprend à me voir aussi attachée, aussi attristée de quitter des gens et une ville auxquels je suis habituée à dire au revoir. Peut-être que Montréal est finalement en train de gagner mon coeur, après toutes ces années...

2 commentaires:

  1. Plus precisement dans Montreal, F.K. a finalement gagne ton coeur ... you know this ...

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  2. Bon voyage ma grande. Je sais que tout ira bien. Puisse ce voyage au pays du soleil levant t'apporter une autre expérience de vie enrichissante. Ne nous oublie pas car nous nous penserons à toi tous les jours.

    Ton papa XXXX

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