Ma maison

Ma maison

mardi 10 mai 2011

This new life of mine

Mai. Le climat à Osaka s’est soudainement métamorphosé, l’humidité a même réussi à faire friser mes cheveux plus que plats. Dehors, l’air est lourd. L’été dont on m’avait tant parlé se pointe finalement le bout du nez.

J’ai peine à croire tout ce temps qui s’est écoulé. Je suis incrédule devant le chemin parcouru au cours des derniers mois, devant ce projet qui a donné naissance à une nouvelle personne. Cette évolution si rapide a agi comme un coup de vent dans ma vie, a balayé tout ce que je croyais solide et durement imprégné dans mon être, pour faire éclore dans ma conscience d’autres façons de voir les choses, de réagir face aux évènements dans ma vie.

Ma vie ici, je l’ai souvent dit, est faite d’un quotidien simple, mais source d’un bonheur pur. Je repense à ma vie à Montréal, si compliquée pour rien, j’éprouve une sérieuse inquiétude quant à mon retour. Je sais que je dois revenir. Je dois poursuivre mes études, lancer ma carrière et continuer ma vie montréalaise là ou je l’ai laissé. Mais la plus grande part de moi refuse de s’y replonger. Tellement de choses ont changé. Comment reconnaître son quartier, son école, ses amis, même sa famille, quand se sent tellement loin de tout ça. Comment reconnecter le fantôme de ce que l’on était avec un environnement dans lequel on doit se réinsérer. Je connais l’inconfort et l’insécurité qui accompagneront mon retour. J’ai le souvenir plus qu’amer de mon retour au bercail après une absence de huit mois outre-mer. Tant de nuits passées à pleurer, sous les couvertures d’un lit dans lequel on cherche un réconfort qui tarde à se pointer.

Il est trop tard pour reculer. Le temps avance, je jouis du plus innocent des bonheurs quotidiens ici, dans la nouvelle vie que je me suis construite à la sueur de mon front, et je ne sais pas comment me préparer à quitter. Comment ouvrir les valises et tenter de les remplir de tout ce que je refuse de laisser derrière. Aucun bagage ne sera assez grand pour rapporter avec lui tout ce que j’apprends ici, tout ce que je vois et qui me fait sourire, tout ce que je réalise. Encore une fois, mon avion posera ses roues sur le sol d’une terre que je ne connais plus trop bien, encore une fois je m’immobiliserai au milieu du grand corridor de l’aéroport, le souffle court et les joues barbouillées de larmes, juste avant le bureau des douanes. Celui qui me rappelle que je suis loin. Loin de la maison et du pays qui sont devenus ma maison, mon refuge. Le douanier, avec son cœur de pierre, ne verra dans mon état paniqué que le signe d’un mensonge mal dissipé. Non monsieur l’agent, je ne transporte pas de substances illégales. Je suis bouleversée. Je me sens comme un enfant qui perd sa maman dans un centre commercial ; je suis désorientée, j’essaie de penser à une stratégie, un moyen de secouer ma terreur, mais tout ce que je réussis à faire, c’est retenir mes larmes et faire grossir cet énorme nœud qui se forme au milieu de ma gorge.

Mais tout n’est pas fini. Et même si ces pensées deviennent de plus en plus difficiles à chasser, je préfère les ignorer pour l’instant. Évitons de mettre la charrue avant les bœufs : voilà une autre leçon que ce voyage m’apprend à appliquer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire